Foisonnement

Par facilité, on enfermait le réel dans des cases. Mais la biologie courante était le métissage.

Chaque humain était traversé d’origines différentes.

De façon plus large, l’atypique divergeait-il si nettement du normal ? dans la clarté, n’y avait-il, en aiguillon secret, une part d’impénétrable ?

Au sein même du tracé rectiligne, on devinait l’exubérance.

Depuis des millénaires la Chine avait établi que dans la nonchalance du yin
trépignait le yang.

Marie en voulait à l’Occident de son aveuglement.

Grâce à l’apport oriental, tout aurait été plus facile pour des générations successives qui n’arrivaient pas à saisir, dans le formatage transmis, une équation à leur taille.

L’équilibre mental abritait la folie, et le délire lui-même ne s’opposait pas aux lois du raisonnable.

Il fallait re-négocier les bases enseignées jusque-là.

Justement, nombre de paramètres solides s’étaient récemment effondrés dans la famille de Marie.

Sa mère accolait le passé au présent, confondant les repères du temps.

Elle-même naviguait entre le vieillissement invisible et la jeunesse apparente, le pincement musculaire signant le trouble initial dans le corps inconscient.

Elle comprenait l’inanité du beau château de cartes.

Mais la société avait intérêt à créditer la vraisemblance de l’histoire.

À rendre absolument étanches les catégories du vivant.

Plutôt qu’évacuer l’amalgame à grands coups de balai sous prétexte qu’il sapait les assises publiques, mieux valait en accepter les fondements instables.

En même temps, on ne pouvait s’empêcher de tâter le terrain et retirer le pied qui, par instinct, redoute de se poser sur le sable mouvant…

Crédit image © Spiriteo

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