Placardage

Un site de rencontres extra-conjugales avait lancé une campagne : ses affiches recouvraient les murs du métro parisien et invitaient à croquer la pomme du savoir.

Sur chaque panneau une couleur unique accompagnait la même image. Rien ne filtrait du secret des alcôves : seul un mauve insistant suggérait les pas feutrés d’Éros…

 

La publicité proposait des contacts pour passer à l’action,
et concrétiser ses fantasmes.

Au cas où les petits mariés, toujours un peu benêts, n’y auraient pas songé.

 

De sorte que quiconque pratiquait l’amour unique comme un art
se sentait soudain un peu flouée,
avait l’impression de se priver bêtement d’un bienfait.

 

Pourquoi ne pas céder à la tentation ? Ne laissez pas vos talents en jachère, était-il martelé comme une obligation.

Les retombées n’étaient pas aussi anodines qu’on feignait de le croire.

Car le contraste était frappant,
entre l’indulgence des sociétés libérales pour les fredaines d’un soir
et, dans d’autres cultures,
le fouet promis aux femmes à la moindre incartade.

 

Si l’Occident invitait au caprice,
ailleurs on lapidait sans le moindre état d’âme.

Plus un système était laxiste,
plus la réaction en face était brutale.

Or il s’avérait que ce site avait été conçu justement par des femmes.

Elles visaient le terrain de chasse occupé par les hommes jusque-là. L’ironie étant – pour combattre l’injustice – de reproduire les torts que l’on a pu subir.

 

On restait rêveuse devant des modèles aussi contradictoires
qui, dans tous les cas, réduisaient l’horizon de pensée offert aux femmes.

© Gleeden

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