Évidemment 

Une fillette de douze ans avait été violée, leur annonçait un bénévole qui s’occupait de l’enfance maltraitée dans un pays d’Afrique.

 

La petite serait prise en charge par leur association ainsi que son bébé, évidemment.

 

On méditait sur ce mot qui laissait sans sourciller une petite accéder au statut improbable de mère. Évidemment, c’était mieux que la chasser de la maison pour la honte qu’elle engendrait. Évidemment, c’était mieux que la pénaliser doublement et la condamner à la misère comme c’était la coutume dans les siècles précédents.

 

Vieille enfant enceinte, chantait Duras dans un de ses romans. Une mendiante condamnée à accoucher dans un fossé et à trouver seule sa subsistance. À errer dans la plaine du Mékong où elle pêchait les poissons avec les dents. Que la société prenait pour folle, et qui s’accrochait à la vie dans sa ténacité d’enfant bien portante…

Mais il n’y avait rien d’évident à protéger une maternité aussi prématurée, car la victime n’était pas plus consultée qu’autrefois (et comment susciter un tel choix à cet âge).

 

C’était ancrer le viol dans le squelette en croissance de l’enfant.

La seule vérité, c’est qu’il n’y avait là aucune solution satisfaisante.

 

Rien n’était évident, pas même de mettre à l’abri sa conscience.

Les gens simplifiaient la réponse
pour sortir de l’impasse.

On aurait juste voulu qu’ils s’attardent
sur le seuil d’un dilemme si pesant.

Qu’ils aient le souci premier de la petite,
sans rien exclure pour gommer le forfait innommable.

Que le doute les poursuive
et plante ses crocs dans leur chair,
de manière lancinante.

© Ian ZA- Pixabay

Deux textes sont mis en ligne le 15 de chaque mois. Pour recevoir une notification :

Ne pas oublier de vérifier – dans la messagerie (et, à défaut, dans la Boîte Indésirables) – le mail qui vient d’arriver et qu’il convient de confirmer aussi, afin que l'inscription soit validée. 

error: Contenu protégé pour droit d'auteur