Diversités

L’intellect était prompt à étiqueter le réel.

La science avait répertorié les espèces
selon des critères imparables
et classé les humains
sur une morphologie générale.

 

Mais la nature, trop diverse, était incontrôlable.

Aucun corps n’était cousu sur le même patron.

Les anomalies étaient les variantes sans nombre
que le vivant engendrait à la marge.

Et les écarts étaient plus fréquents
que les échantillons calqués sur le schéma de base.

 

Chaque être présentait une alchimie à part.

Il n’y avait, en vérité, aucun modèle fiable.

Cette perspective illimitée était transposable aux autres domaines de la pensée.

Ainsi le bien n’était jamais totalement dissociable du mal,
et une bonne intention,
rarement exempte d’intérêts inavouables.

 

Le clair était toujours traversé de nuances plus sombres.

Et si les couleurs adverses s’attiraient
jusqu’à se résorber parfois,
combien plus alors les désirs s’interpellaient
et s’aspiraient sans fin.

 

On était gratifié d’un apaisement certain
dès lors qu’on acceptait l’univers
dans son foisonnement indomptable.

© Tarsila do Amaral, Ouvriers, 1933

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