Gratitude

Quand elle arrivait pour un week-end de détente dans son vieux prieuré, le chef des cuisines – par sympathie – se surpassait.

Le problème est qu’à cette heure du dîner, elle aurait préféré marcher le long de la mer et contempler le ciel en train d’astiquer son argenterie de lumière. 

Et, devant son assiette regorgeant de poisson gélifié ou de blanquette à la crème, lourde de gratitude à cause d’un vieux service rendu mais également parce qu’elle le justifiait, lui, en tant que cuisinier, elle sentait – le cœur au bord des lèvres, mais attentive à ne pas décevoir le personnel zélé – elle sentait monter la nausée. 

Elle ne pouvait s’empêcher de se demander si c’était ce résultat que produisaient les mères – avec leur souci de bien faire, leurs petits plats quand les enfants venaient et, en cas de faim inopinée, les provisions qu’elles cachaient dans leur sac au moment du départ – si c’était le même effet qu’elles avaient sur leur progéniture saturée 

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