Off and on

Tenter d’acheter un appartement à Paris lui rappelait la parabole des lampes : c’est quand on s’y attendait le moins, quand les jeunes filles dormaient, disait-on, que l’hôte surgissait. Il fallait veiller et se tenir prête à chaque instant. 

Ou comme l’écriture : c’est toujours quand vous n’aviez pas le temps que l’inspiration venait.  

Gide avait mis le doigt dessus en proposant de conformer son désir aux événements. Mais quel désir, au juste ? fallait-il se garder disponible sans relâche ? et que faire en cas de désirs divergents ? 

Ainsi comment être efficace en se tenant à l’écart ? 

Certes la production en était stimulée. En parvenant à écrire ce qu’elle s’était fixé, elle éprouvait, une fois le contrat rempli, un apaisement indéniable.  

Mais outre la crainte habituelle d’être interrompue, son plaisir était gâché par le souci de négliger peut-être une belle occasion de trouver un logement qui, dans cette période d’inaction, risquait de lui passer sous le nez.  

Ces deux tourments (du fait même qu’ils se contredisaient) bloquaient tout avenir à la sérénité. Et n’encourageaient pas sa prospection immobilière qui, de ce fait, stagnait.  

Elle se demandait comment concilier ses exercices intérieurs – qui réclamaient un désengagement régulier – et la nécessité d’un qui-vive constant sur un marché âpre, peuplé de concurrents.  

Et, de façon générale, comment garder une mobilisation acharnée sans rien sacrifier du besoin d’isolement, qui seul garantissait le plein des énergies vitales. 

Crédit image © Baptiste Merel-Unsplash