Orage

Un géant était en marche.  

Des étincelles crépitaient lorsque son ombre touchait la surface de la mer. Comme autant de briquets allumés au soleil qui pointait à l’oblique des nuages.  

Sous la chape de métal, un faisceau de lumière attisait l’horizon.  

Elle avait résolu de partir avant la salve finale. 

Mais le vent soufflait de front.  

Inutile d’user sa résistance. 

Elle avait fait demi-tour, oubliant qu’ainsi sa voiture rattraperait les orages précédents qui avaient délavé la côte.  

Au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait dans le goulot des terres, le ciel s’obscurcissait. 

Bientôt elle s’était trouvée prise sous un papillon de suie qui enveloppait la route de son aile menaçante. 

La ligne de rencontre était brutale entre les ténèbres terrifiantes qui rasaient les toits pour attraper les vivants dans leurs filets d’ébène, et la douce cendre de cette fin de journée (il faisait encore clair à cette saison, sa montre le confirmait, pas plus tard que 20 heures). 

Quelques piques jaillissaient de l’énorme carapace. Des antennes tâtonnaient dans l’espace, fouillaient son flanc pour sonder la docilité de la proie.  

Après un mouvement de recul par crainte de disparaître sous la coque de noir, elle avait hésité encore, puis rentrant la tête dans les épaules, elle s’était absorbée dans la grimace du soir. 

Elle préférait encore la peur d’être engloutie à l’angoisse de ne jamais retrouver la lumière au bout du tunnel provisoire.  

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