Formatage

Deux fois par an les autorités jonglaient avec les changements d’horaires. Elles prétendaient que ces ruptures étaient favorables à l’économie du pays.  

Pourtant la mesure était des plus impopulaire. 

Elle n’en revenait pas, qu’on avance ou qu’on retarde les horloges biologiques, qu’on perturbe le rythme de millions d’habitants, pour un intérêt déclaré national. 

Qu’on puisse modifier une heure universelle, calée sur le soleil, jetait le discrédit sur le reste des constructions sociales, soumises peut-être au même tour de passe-passe. 

À la limite, la fabrique des identités sexuées n’était qu’une autre manipulation échafaudée par le pouvoir. Et susceptible, quand les mœurs changeaient, de rectifications. 

Elle se méfiait des codes supposés naturels, formatés à l’aune de stéréotypes profitables. À deux siècles d’intervalle, un homme coiffé d’une perruque était la coqueluche des dames, alors qu’il aurait paru grotesque à la modernité. 

Comment un usage pouvait-il susciter les plus vifs engouements, pour tomber en désuétude la décennie suivante ?  

Comment des gens éclairés sur l’Histoire se laissaient-ils façonner par des modèles instables ?   

Et surtout quel était ce principe reconnu, fort de tourner les esprits à la girouette des modes passantes ?  

Crédit image © AnticstorePortrait de jeune homme à perruque,  attribué à André Bouys, XVIIe