Noce

C’est sa fille qui se mariait.

En un sens, il était rassurant de se dire que l’exemple des parents n’était pas dissuasif.

Mais elle se méfiait de ce que recouvrent les grandes cérémonies.

Le rituel l’avait interrogée longuement. Elle avait analysé sa valeur archaïque, et avait fini par en accepter le stéréotype dérangeant.

De la fille guidée par le père, simple relais transmis.

En l’occurrence, c’était sur une monture aux ordres que le père avait conduit sa fille vers la vie nouvelle qu’elle s’était choisie.

La mise en scène dépassait le symbole de genre.

Loin du spectaculaire, elle avait été émue par l’attention du père à guider le pas si délicatement.

La performance équestre – en habillant le rite – l’avait délivrée de ses incertitudes premières.

Puis la fille s’était détachée adroitement de son père, glissant du cheval pour rejoindre l’homme qui l’attendait.

L’enjeu semblait acquiescer à sa part d’utopie, cousue à la blancheur d’une robe éclatante. Au moins s’affichait-il ouvertement, loin des manipulations non-dites.

C’est pourquoi la mère avait applaudi.

Le convenu aurait pu l’arrêter.

Mais elle l’avait si bien apprivoisé, en reconnaissant au rite sa vertu sublimante, que – même si c’était dans l’intérêt social – elle avait pu, ce jour-là, se laisser captiver par ce qu’elle regardait comme une transposition poétique.

D’où l’intérêt de ramoner sa cheminée pour qu’aucune suie n’en tombe le jour des grandes flambées.

Crédit image © Geneviève Hofman

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